On entre tous dans la macrophotographie de la même manière…
Peu importe que l’on soit amateur ou pratiquant la photographie avec un statut confirmé, quand on décide de se mettre à la photographie d’insectes ou de fleurs. Tout le monde emprunte le même chemin !
On commence bien évidemment par acheter, neuf ou d’occasion, son objectif macro. La focale de cet objectif de macrophotographie est souvent comprise entre 90 et 100mm. D’ailleurs les offres des constructeurs se concentrent autour de cette focale macro. Et puis avec un 100mm, on se dit aussi…je peux faire de la macrophotographie ET du portrait.
Une fois le précieux obtenu, on le visse sur son boîtier et rien ne peut nous arrêter …
Le premier comportement que l’on observe majoritairement chez tous les nouveaux possesseurs d’objectif macro, c’est ce besoin de se rapprocher le plus possible. Pour une focale de 100 mm, la distance minimum de mise au point est d’environ 30 cm.
Je rappelle que cette mesure correspond à la distance entre le sujet photographié et le capteur numérique de votre appareil photo. En réalité, la distance séparant votre sujet de la lentille frontale est généralement inférieur à 15 cm.
Revenons à l’irrésistible besoin de se rapprocher. Quand on pense macro, on pense inconsciemment gros plan. Tout ce que l’on photographie alors, doit remplir intégralement l’ensemble de l’image. Les premières images macro, nettes ou floues, nous procurent un vrai sentiment de fierté. Un sentiment de pouvoir réaliser quelque chose techniquement qu’il était impossible jusqu’alors.
À force de pratique, nos images s’améliorent. On prend également conscience de la difficulté et des contraintes de cette discipline photographique : stabilité aléatoire, profondeur de champ restreinte, éclairage insuffisant, composition trop centrée…
Plus le temps avance, plus ces difficultés entament sérieusement la motivation de la majorité de ces nouveaux macro photographes. C’est le moment d’entrer dans la phase 2 : la macrophotographie adaptée.
La rapprochite aiguë (langage volontairement ironique inventé pour le besoin de cet article) dure pour 90% des photographes, de 6 mois à 1 an. Passé ce délai, chez les photographes qui gardent une affinité pour la photographie rapprochée, on observe un éloignement des prises de vues.
En s’éloignant modérément, certains désagréments se résolvent comme par magie. Il devient plus aisé de photographier un sujet en conservant une vitesse d’obturation acceptable. La profondeur de champ si étroite auparavant permet enfin une zone de netteté respectable sur l’ensemble du corps d’un sujet. Cerise sur le gâteau, on tente même des compositions originales, moins figées.
En 1 mot, on redécouvre le goût de la macrophotographie.
De la macrophotographie à la proxiphotographie artistique, il n’y a qu’un pas…
Vous l’avez déduit par vous-même, en s’éloignant de son sujet, on ne pratique plus vraiment la macrophotographie au sens strict du terme. On entre dans le domaine de la proxiphotographie. 90% des photographes qui pratiquent la photographie rapprochée font de la proxiphotographie.
Durant la phase de ce renouveau de la pratique de la “macrophotographie”, de nouvelles frustrations apparaissent. Décidément, on s’en sortira jamais…
On constate que si l’on s’éloigne un peu trop, le sujet devient vite insignifiant dans le viseur avec une focale de 100mm. De plus, la profondeur de champ est tellement importante que l’on peine à détacher le sujet de son arrière-plan. Trop d’élément sont nets ou quasi nets et l’image manque spontanément de lisibilité. Tout cela bien que son magnifique objectif macro de 100mm possède une ouverture lumineuse de f/2.8.
À ce stade, on s’aperçoit également qu’une belle proxiphotographie ne se résume pas à la simple prise de vue d’un insecte ou d’une plante. Si la macrophotographie impose le plus souvent que l’on se concentre sur le sujet principal, la proxiphotographie résulte d’une harmonie d’un ensemble de facteurs (la netteté, la beauté de la lumière, les couleurs et la texture de l’environnement, le cadrage, l’attitude du sujet et bien d’autres…).
Sur cette image d’ascalaphe, L’auteur Emmanuel Graindépice illustre parfaitement toute l’harmonie des composantes d’une belle proxiphotographie. Retrouvez l’ensemble de son travail photographique sur son site fotomacro.fr
À partir de là, 2 solutions s’offrent à vous :
- se limiter à la photographie de sujets plus petits (pour ma part j’ai vraiment du mal avec les sujets de moins de 1 cm)
- Augmenter sa longueur focale
Sur cette image de macrophotographie d’Olivier NASKA, le sujet n’occupe qu’une faible proportion dans l’image… et pourtant, c’est bien une macrophotographie. L’insecte photographié ici est un collembole. Sa taille avoisine les 2mm. Malgré un rapport de grossissement de 1:1, sa faible taille a permis une netteté sur l’ensemble du corps de l’animal. La très faible profondeur de champ procure un flou complet de son environnement.
Je dirai que cette macrophotographie a été réalisée avec une approche proxiphotographique (là aussi j’invente un nouveau mot ;p ). D’ailleurs, ce photographe talentueux, réalise une grande partie de ses images en proxiphotographie. Vous pouvez retrouver l’ensemble de son travail sur son site Naska photographie.
Une focale de 150mm minimum en proxiphotographie pour des effets Wahouu
Aborder la photographie d’insectes ou de plantes avec une longue focale permet des itérations artistiques illimitées.
Avec un court téléobjectif (100 mm) , vous peinez à isoler un sujet de son environnement ? À partir d’une focale de 150mm, même si celle-ci ouvre à f/4, l’opération est beaucoup plus facile.
Autre avantage de taille, plus besoin de recourir à un objectif spécialement dédié à la macrophotographie. Je nuancerai quelque peu mon propos, car s’il est possible de pratiquer la proxi photo avec un objectif conventionnel, il faut bien reconnaître qu’un objectif macro est plus confortable dans son utilisation.
En effet, la bague de mise au point sur un objectif macro est démultipliée. Comparer donc l’amplitude de rotation d’un objectif macro et d’un objectif standard pour passer de la distance minimale de mise au point à la position infinie. Alors qu’il ne suffit que d’un quart de tour pour réaliser cette opération sur l’objectif standard, on doit réaliser une rotation quasi complète sur un objectif dédié spécifiquement à la macrophotographie.
3 avantages pour pratiquer la proxi photo avec une longue focale
Il existe beaucoup de bénéfices à pratiquer la proxi photo avec une longue focale, mais si je devais n’en citer que 3, ce serait ceux-là :
La longue focale permet de détacher suffisamment un petit sujet au sein de son environnement sans posséder une ouverture lumineuse de f/2.8. Comme l’œil est accroché par tout ce qui est nette sur une image, le sujet principal ressort spontanément.
Une longue focale permet de se situer à une distance comprise entre 60 cm et 1 mètre de son sujet. Cette caractéristique très appréciable pour les sujets les plus craintifs est surtout utile pour positionner des éléments naturels entre le sujet et son équipement photographique. Cette situation favorise le bokeh d’avant-plan et met davantage en valeur votre sujet
Une longue focale permet de tasser les perspectives de l’image. Concrètement, cela signifie que les différents plans de l’image paraissent beaucoup plus proches les uns des autres qu’ils ne le sont en réalité.
Proxiphotographie d’un ascalaphe photographié dans un champ abandonné dans la garrigue du sud de la France. Cet insecte d’environ 4cm a été photographié avec l’objectif Sigma 180mm f/2.8 Macro (exif : 1/3200s 100ISO, f/4).
Voici l’environnement proche et le matériel utilisé pour réaliser la photographie de l’ascalaphe ci-dessus. Cela démontre parfaitement le pouvoir de séparation des plans d’une longue focale en proxiphotographie.
Le choix d’une focale fixe Macro pour la proxiphotographie
Si vous voulez vous adonner à la proxiphotographie avec un objectif macro doté d’une longue focale, vous risquez malheureusement d’être un peu déçu (tout comme moi).
Actuellement seule la marque IRIX commercialise un objectif macro de focale de 150mm. Ce 150mm est disponible dans plusieurs montures comme illustré ci-dessous (attention cet objectif macro ne possède pas de système autofocus)
Pour les photographes travaillant encore sur reflex numérique, vous pourrez lui adjoindre un multiplicateur de focale x1.4 par exemple. Ce multiplicateur x1.4 à l’avantage de ne détériorer que faiblement l’image. Son faible coefficient multiplicateur ne fera perdre qu’un diaphragme à votre objectif (si votre objectif possède une ouverture initiale de f/2.8, celle-ci passera
Si je parle de multiplicateur x1.4 possible avec le système reflex, c’est parce qu’il n’existe encore aucun multiplicateur compatible avec des appareils hybrides et des objectifs de macrophotographie actuellement (janvier 2024).
Si vous regardez du côté de l’occasion, ces objectifs restent toujours des très bons choix pour la macro et la proxiphotographie. Leur qualité optique est excellente.
Sigma 150mm f/2.8
300-350€ d’occasion
Sigma 180mm f/2.8 OS
750-850€ d’occasion
Sigma 180mm f/3.5
300-350€ d’occasion
Tamron 180mm f/3.5
300-350€ d’occasion
Sans oublier bien sûr le canon 180mm f/3.5 Macro que l’on peut trouver entre 400 et 550€ d’occasion.
Le choix d’un objectif non spécifique pour la proxiphotographie
Pouvoir utiliser son matériel conventionnel pour s’adonner à ce style de photographie rapprochée est un autre avantage de la discipline.
Le principe de base ne change pas. La focale doit suffisamment être importante, 150mm est un bon départ. Pour être utilisé convenablement en proxi photo, le rapport de grossissement doit être d’environ 0.35 ou 1:3 pour être intéressant en proxi photo.
Vous ignorez où trouver ce rapport de grossissement ? Cette information est explicitement indiquée sur toutes les fiches techniques des objectifs photos que vous trouverez sur le web.
Un rapport de 0.35 ou approximativement 1:3, revient à photographier des sujets qui seront reproduits à une taille 3 fois plus petite que leur taille réelle sur le capteur de votre appel photo numérique .
J’ai déjà effectué quelques recherches pour vous qui correspondraient à ces critères :
À moins que j’ai mal cherché, il n’existe pas actuellement d’objectif fixe à longue focale qui dispose actuellement d’un rapport de grossissement initial de 0.35.
Pour augmenter le rapport de grossissement, il faudra nécessairement utiliser des compléments optiques tels que des bagues allonges ou un multiplicateur si cela est possible avec votre équipement.
Voici une sélection d’objectif zoom qui possèdent un rapport de grossissement d’environ 1:3.5
Du côté des zoom 100-400mm (ou 100-500 😃 ) avec un budget supérieur à 2000 euros
Canon RF 100-500 f/4.5-7.1
Sony FE 100-400 f/4-5.6
Nikkor Z 100-400mm f/4.5-5.6
Du coté des zooms avec un buddget entre 1000 et 2000 euros
Sony FE 70-200mm f/4 Macro
Sony FE 70-300mm f/4.5-5.6
Canon RF 70-200mm f/4
Olympus 100-400 f/5-6.3 IS
Du côté des zooms avec un budget en dessous de 1000 euros
Canon rf 100-400mm f/5.6-8
Nikkor Z 24-200mm f/4-6.3
Tamron 100-400mm f/4.5-6.3
Pentax 55-300mm f/4.5-6.3
Conclusion
Cet article qui fait l’éloge des longues focales pour la pratique de la proxiphotographie n’est utile que pour 90% des photographes nature. En effet, comme énoncé au début de ce billet, environ 10% des photographes ayant commencé la photographie avec un objectif macro, continuent de photographier réellement à de fort rapport de grossissement (1:1 et au-delà). Pour ces photographes, la macrophotographie est même parfois un passage vers l’hyper macrophotographie et la microphotographie (rapport de grossissement de 5:1 à 50:1).
Mais, pour l’immense majorité des autres photographes, je suis certain que vous vous éclaterez bien plus à photographier la petite faune et la flore qui nous entourent avec de longues focales.
Si la macrophotographie est une performance technique, la proxiphotographie est une performance artistique.
Alors, vous êtes plutôt un technicien ou un artiste ?
Le livre « INSPIRATIONS »Macro-Proxi Photographies, est une formidable démonstration de l’art photographique dans l’univers de la macro et proxiphotographie.
Jetez un coup d’œil aux équipements photographique des 25 artistes de cet ouvrage qui pratiquent cette discipline. Il n’y a plus de raisons de douter !
Expérience personnelle en macro et proxiphotographie
J’ai commencé la macrophotographie dans les mêmes termes énoncés dans cet article, à une différence près.
Mon premier objectif macro avait une focale de 180mm. C’était le sigma 180mm f/3.5 Apo Macro DG EX HSM, acheté d’occasion. C’est sans doute cette opportunité d’achat qui a conditionné ma pratique de la photographie rapprochée. D’autant plus que cet objectif était monté initialement sur un boîtier doté d’un capteur APS-C.
Le choc s’est réellement fait ressentir quand je suis passé sur un boîtier reflex plein format et un objectif 100mm macro (Canon EF 100mm Macro L is). Ironie du sort, cet objectif à eu la stabilisation défectueuse que j’ai dû à l’époque faire réparer (300 euros tout de même). Un comble pour moi qui n’utilise jamais la stabilisation. Je l’ai finalement revendue pour acquérir, toujours d’occasion, le sigma 150mm Macro premier du nom. La plupart de mes plus belles images sont réalisées avec cet objectif. Plus de 10 après son acquisition, je le détiens toujours et je l’utilise encore sur mon boîtier hybride Sony grâce à la bague de conversion.
Si cet article vous a inspiré ou alors révolté… n’hésitez pas à partager vos sentiments dans les commentaires.
Patrick
bjr penssez vous qu’un nikon 200/500 peu convenir en proxi
merci pour cet article
daniel
L article correspond à ma démarche en tout point, la seule différence moi je suis passé au 300f4 d occasion ce qui m éloigné de 60 cm par rapport à un 150 et trouve le bokeh plus feutré que mon 100 macro
Merçi
Article très inspirant, j’ai commencé à vouloir faire de la macro et je me suis éclaté (encore maintenant) à composer en Proxi avec un zoom 100/300, j’ai abandonné mon spécial macro..;
en tout cas merci pour vos écrits
Bonjour Manuel,
Très content que cet article résonne à ta démarche photographique sur la macro. On est au moins 2 😉
Très bel article, qui permet de relativiser quant à la pratique et à l’acquisition de tous ce qui peut être estampillé « macro » ! Je ne me lève pas assez tôt pour capturer ces si belles images, mais je peux tenter le soir ;). Concernant les longues focales, peut-on dire que le 40-150mm 2.8 de chez Olympus en fasse partie (à sa focale la plus longue ?), lorsque vous parlez de 150mm, c’est en plein format, j’imagine ?
Merci en tout cas !
Oui, le 40-150 mm f2.8 en fait partie car il donne un 80 300 mm en plein format.
C’est d’ailleurs un excellent objectif dans tout ce qu’il fait, y compris la proxy. C’est un de mes fidèles compagnons de sortie (avec le 60mm macro d’olympus)
Lohan
Merci pour ton intervention Lohan 😉
Patrick
Bonjour Léa,
Merci pour ton commentaire. Je donne effectivement toujours les focales selon un capteur plein format.
Je ne connais pas la marque Olympus, mais le range de l’objectif dont vous parlez m’a l’air d’un excellent choix polyvalent et qualitatif pour la proxiphotographie.
Bonne journée à vous,
Patrick